Walk in my footsteps

 Voici des fruits, des fleurs et des branches…Au tournant du siècle, dans les belles avenues résidentielles du quartier allemand, fleurit une architecture ondoyante d’inspiration végétale : le Jugendstil ou Art Nouveau quoi essaime tout autour de l’allée de la Robertsau. Le parc de l’Orangerie donne à contempler « d’authentiques » frondaisons et offre 26 hectares de flânerie !

Dans la villa Marguerite au 22 rue Sleidan, il y a des courbes et contre-courbes reproduisant des iris, fleurs emblématiques du mouvement, grilles en forme d’ailes de libellules : l’hôtel particulier réalisé en 1904 offre l’exemple le plus abouti du Jugendstil strasbourgeois. Comme tous les adeptes de l’Art nouveau, l’architecte Auguste Brion formé à Centrale, entendait protester contre le style néo-renaissance qui prévalait dans les quartiers allemands.

Dans la Villa Knopf au 10 rue Schiller qui est le siège de l’Institut des Hautes Etudes Européennes, cette grande demeure en brique rose a été édifiée en 1905 par Gottfried Julius Berninger et Gustave Krafft propriétaire des grands magasins du même nom, elle constitue une véritable déclaration d’amour au style Guimard, la star du métro parisien.
Dans la Villa à l’Italienne au 76 avenue de la Robertsau, édifiée en 1899 pour le célèbre brasseur Schutzenberger, l’imposante villa qui héberge l’Observatoire européen de l’Audiovisuel est le premier chef-d’œuvre Art nouveau du duo gagnant Berninger et Krafft. Lys foisonnants, ferronneries ondoyantes, pierre jaune de Savonnière. 

Dans l’immeuble de rapport, les architectes Lütkes et Backes ont opéré une spectaculaire reconversion. Bas-relief végétaux, céramiques polychromes et fer forgé : l’audace Jugendstil de 1902. Avec quelques traces Renaissance (coquillages, loggia et portique).

Style de rébellion et de rupture l’Art Nouveau s’est épanoui surtout dans les années 1900 en réaction aux dictats Wilhelmiens. Courbes, ondulations, volutes, feuilles et fleurs : l’Art nouveau célèbre l’organique ou le végétal et verse parfois dans l’orientalisme flamboyant. Fait remarquable : au carrefour de deux influences, le Jugendstil strasbourgeois combine le curviligne franco-belge et le géométrisme allemand. Deux fois plus de raison d’admirer les joyaux de l’allée de la Roberstau.