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7 août 2017 1 07 /08 /août /2017 10:21

Fouquet a le génie funambule. Il sait comme personne danser au-dessus du vide. Il n’aime rien tant que la banqueroute. Du matin jusqu’au soir, il jongle. Pour l’Etat et pour lui-même. Cent fois, par d’invraisemblables stratagèmes, il a sauvé de la faillite un Trésor saigné par la guerre et les désordres civils. Quant à sa fortune personnelle, elle est aussi vaste que ses dettes. Qu’importe cette fragilité ! Sa faculté d’emprunt sans limite lui autorise toutes les folies.

Il se méfie de Mazarin, dont la faveur est volage. Espérant pouvoir un jour traiter d’égal à égal avec son bienfaiteur, il n’arrête pas d’acheter des terres en Bretagne. Bientôt, de Sait Brieuc à Rosporden, de Dol à Concarneau, une bonne part de la région lui appartient. Et Belle-Ile dont il acquiert le marquisat. Secrètement il en fait une forteresse. Pièce maîtresse de son « Réduit breton ».

(A Versailles, souvent je tends une oreille, rêvant de retrouver une amitié, une conversation quotidienne et qui dura 35 ans. Entre Louis XIV et André Le Nôtre…Ensemble, ils ont écrit le plus grand livre du monde – mille hectares -  le roman du Soleil incarné. La seule histoire occidentale qui impressionnait Quianlong l’empereur de Chine, le créateur du Jardin de la Transparence parfaite.)

Ecoutez les fontaines, c’est le seul vestige de la musique d’autrefois.

 

Erik Orsenna a présidé cinq ans l’Ecole nationale supérieure du Paysage à Versailles.

Ce que je vois de ma fenêtre, un soir d'été - août 2017

Ce que je vois de ma fenêtre, un soir d'été - août 2017

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