Vers 1630-1640, huile sur toile
Ce tableau est caractéristique du style adopté par les peintres français après le retour de Simon Vouet à Paris en 1627. L’artiste revient à Paris en inventant une nouvelle manière baroque qu’il adapte au goût des élites parisiennes : grâce sensuelle des figures, drapés virevoltants, mouvements impétueux, lumire claire et coloris brillants. Sa peinture remporte un large succès et l’atelier qu’il ouvre à Paris monopolise l’essentiel des commandes. De nombreux élèves et collaborateurs de Vouet imitent son style au cours des années 1630. Michel Corneille l’ancien, Chapeon, Jacques de Létin, Charles Poerson, mais aussi le jeune Charles Le Brun.
Comme d’autres tableaux « vouetesques », celui d’Orléans reste anonyme, malgré des rapprochements stylistiques avec l’art de Vouet et de son entourage. Le nom de Michel Corneille l’Ancien, installé à Paris dès 1630 où il frequente l’atelier de Vouet, a été prononcé, ainsi que celui d’Aubin Vouet, frère cadet de Simon, dont les œuvres sont aujourd’hui très rares. Le tableau témoigne d’une grande qualité d’exécution et d’une intégration parfaite de la leçon de Vouet. Le sujet est emprumpté aux métamorphoses d’Ovide : Bacchus cherchant à séduire la nymphe Erigone prend l’apparence d’une succulante grappe de raisins. Derrière le sujet mythologique, la toile est peut-être une allégorie de l’Automne, ce qui expliquerait la palette tout en rousseurs et en verdures éteintes. Le tableau à l’origine ovale fut mis au format recangulaire à une époque inconnue : ce format original laisse entendre que l’œuvre a été exécutée pour orner une grande demeure où elle s’accompagnait peut-être d’autres scènes mythologiques évoquant les saisons.