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15 juin 2018 5 15 /06 /juin /2018 12:39

Francis Scott Fitzgerald a écrit « L’étrange histoire de Benjamin Button  (ou The curious case of Benjamin Button)» sous forme de nouvelle fantastique en anglais. En 1922,  elle est d’abord éditée dans le  magazine Collier’s, puis dans un recueil de 11 nouvelles intitulé « Tales of the Jazz Age ».

 
Une remarque de Mark Twain aurait inspiré Fitzgerald dans l’écriture de cette nouvelle : « Il est dommage que la plus belle période de notre vie soit au début de l’existence et la pire à la fin »
 
En 2008, le récit est adaptée au cinéma par David Fincher, sous le titre «  L’étrange histoire de Benjamin Button » avec Brad Pitt dans le rôle de Benjamin Button. Le scénario du film s’inspire de manière très libre du texte original…
 
 
L’histoire :
 
Lorsque vous êtes né, vous étiez un mignon petit bébé d’environ 50 centimètres, joli à croquer, qui faisait la fierté de ses parents, n’est-ce pas ? Mais imaginez ce qui se serait produit, si vous aviez eu la taille d’un adulte, 70 ans au compteur, une tête aussi ridée et défraîchie qu’une vieille pomme ? Eh bien, c’est ce qui est arrivé en 1860 à notre infortuné Benjamin Button. Si,si, croyez-moi : il est né vieillard et il est mort poupon ! Entre deux, une vie que l’on peut sans conteste qualifier…d’étrange !
 
 
Ce qui frappe à prime abord dans cette nouvelle, c’est le regard critique que Fitzgerald porte sur une société bien- pensante, mais peu disposée à accepter la différence et qui cherche à faire entrer les individus discordants dans le moule des convenances. Le père de Benjamin en est un exemple proche de la caricature : il s’obstine à entretenir une illusion de normalité. Peu importe si son fils en devient ridicule ou malheureux. Il occulte l’évidence, car il faut à tout prix paraître « normal », ressembler aux autres. La peur du qu’en-dira-t-on semble le tétaniser, sa bonne réputation passe avant toute autre considération. 
 
L’auteur décrit une société pétrie de faux-semblants et d’hypocrisies, qui distille son intolérance, sa cruauté, sans aucun égard.  La sollicitude ou l’empathie sont des termes qui n’ont pas de sens pour elle. D’ailleurs, elle n’épargne aucune blessure à Benjamin : rejet, moqueries, incompréhension. Même la famille proche fait preuve d’une rigidité exaspérante. 
 
Benjamin vit une existence déphasée, où son apparence physique le met sans cesse en décalage avec ses aspirations profondes. D’une grande lucidité, il avoue que « son destin lui semblait incroyable et affreux ».  Fitzgerald argumente souvent autour d’une idée maîtresse : la différence induit toujours une souffrance pour soi-même ou pour les autres.
 
Button n’est pas heureux. Pourtant sa vie est  ponctuée d’épisodes agréables et réconfortants, qu’il ne faut  pas pour autant passer sous silence : il a du succès auprès des femmes, il est imbattable au golf et apprécie  les soirées festives de Baltimore où il peut afficher sa maîtrise parfaite de la danse, il est gratifié des honneurs militaires et réussit brillamment dans les affaires. Pour ne rien gâcher, il est également riche et respecté. 
 
L’argent  joue d’ailleurs  un rôle central dans le récit. Décrit comme un moteur d’intégration, un passe qui ouvre les portes de la bonne société et qui offre  des opportunités intéressantes, même dans l’armée…Mais malgré une vie plutôt réussie, de notre point de vue, il ne trouve pas sa véritable  place. Son hyperactivité traduit une forme de mécontentement chronique, il a besoin de prouver qu’il est capable d’atteindre ses objectifs, malgré sa singularité : « Il allait leur montrer ! […] il leur ferait regretter ces quolibets déplacés ! (p.34) ». Au terme du récit, l’entrée de Benjamin Button dans la petite enfance est perçu comme une forme de soulagement, de paix absolue, gagnée après une existence de lutte perpétuelle: « Aucun souvenir douloureux ne venait  troubler son sommeil […] Il n’avait plus maintenant pour horizon que les parois protectrices et immaculées de son berceau […] »
 
La boucle est ainsi bouclée : « Puis tout devint noir, et son berceau blanc, comme les visages troubles qui s’agitaient au-dessus de lui, et le goût du lait chaud et sucré, disparurent à jamais de son esprit. ». Le néant n’épargne personne. Et le temps continue à s’égrainer, inexorablement, impitoyablement, quel que soit le sens qu’on a donné à sa vie.
 
« L’étrange histoire de Benjamin Button », une aventure rocambolesque, empreinte d’une pointe d’humour, de dérision, mais où domine un fort sentiment de désillusion."
L'étrange histoire de Benjamin Button, une nouvelle fantastique de F. Scott Fitzgerald
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