Comment la forme des nuages et la couleur du ciel ont-elles pu fasciner un homme, au point de l’engager à fournir au Bureau Central Météorologique – futur Météo-France – jusqu’à six aquarelles par jour, décrivant les variations du temps, et ce, pendant 40 ans ?
C’est l’histoire incroyable d’André des Gachons, peintre illustrateur symboliste dans les années 1890, qui se retire à l’âge de 42 ans en Champagne, dans le petit village de 400 habitants de La Chaussée-sur-Marne, pour peindre chaque jour le ciel, jusqu’à sa mort en 1951.
Cette démarche s’inscrit dans l’action des observateurs bénévoles de la météorologie, recrutés à l’époque essentiellement dans les écoles normales primaires, pour effectuer des relevés de températures, d’hygrométrie dans toute la France, permettant de réaliser des prévisions.
La méthode de cet artiste est particulièrement originale dans la mesure où ses relevés de données, portant sur la vitesse et l’orientation des vents, la pression atmosphérique, la température ou la pluviométrie, sont appuyées par des aquarelles reproduisant les variations du ciel tel qu’il le voit depuis son observatoire, installé dans son jardin. Ces œuvres sont dessinées sur le vif en extérieur, puis reprises dans son atelier, technique qu’il enseigne ensuite dans l’école qu’il institue dans le village à partir de 1930. Pas moins de 77 000 aquarelles de ciels parviennent à Paris, acheminés depuis Vitry-la Ville, par le train, jusqu’aux services météorologiques civils de la capitale. Avec la proximité du front pendant la Première guerre mondiale, il peint même, à deux reprises, des ciels marqués par les lueurs et les fumées des explosions d’obus et des bombardements.
Les Archives nationales conservent certaines des fiches de ce peintre météorologue passionné qui a œuvré à sa manière à l’essor d’une science sur l’état du climat.
Illustrations :
- observations météorologiques La Chaussée sur Marne, 26 décembre 1919, cote 20130115/115
- observations météorologiques La Chaussée sur Marne, 3 mai 1920, cote 20130115/115