Sabine Weiss est l’une des principales représentantes du courant de la photographie humaniste française, connu pour dépeindre avec empathie la condition humaine.
Née en Suisse en 1924, elle est d’abord apprentie photographe à Genève avant de devenir après-guerre l’assistante du photographe Willy Maywald à Paris. En 1950 elle épouse le peintre américain Hugh Weiss et débute sa carrière de photographe indépendante. Dans l’atmosphère créative et exubérante de leur maison-atelier parisienne, elle travaillera sans relâche et construira durant le reste de son existence une œuvre photographique unique et foisonnante.
Vers la fin de l’année 1952, elle rejoint l’agence Rapho et se fait rapidement connaître. C’est à ce moment clé de sa carrière qu’elle prend cet autoportrait daté de 1953, vraisemblablement pour illustrer un article la présentant dans le célèbre magazine américain US Camera. Vêtue d’une tenue sérieuse mais élégante, elle fixe l’objectif d’un air déterminé, tenant son Rolleiflex à deux mains, affirmant ainsi son statut de photographe professionnelle, alors âgée de 28 ans. De façon peu conventionnelle, elle a choisi de poser en extérieur, devant un mur recouvert de graffitis. Cette date marque le début d’un travail intense pendant plusieurs décennies. Son travail personnel est rapidement exposé aux Etats-Unis. Trois de ses photographies figurent dans la célèbre exposition « The Family of Man » organisée par Edward Steichen en 1955, pour le Musée d’art moderne de New York - une exposition qui circulera dans le monde entier - et elle travaille durablement pour la presse illustrée internationale, enchaînant travaux de reportages, mode, publicité, portraits de personnalités et sujets de société.
À la fin des années 1970, la reconnaissance de son œuvre par les institutions et le grand public lui donne envie de reprendre un travail en noir et blanc. Dans cette œuvre tardive, rythmée par des voyages lointains, elle fait entendre une voix plus intime, centrée sur les solitudes, les croyances et les moments pensifs de l’existence. Elle connaît dans les dix dernières années de sa vie une notoriété sans précédent et fait don de ses archives au musée Photo Élysée à Lausanne. Jusqu’à son dernier souffle, survenu le 28 décembre 2021 à l’âge de 97 ans, elle aura, avec passion, abordé tous les domaines de la photographie comme un défi, un prétexte de rencontres et de voyages, une façon de vivre et un mode d’expression de soi, en constante sympathie avec l’autre.