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14 août 2017 1 14 /08 /août /2017 13:02

Quelles contraintes environnementales pour les milieux d’affaires aujourd’hui ?

La politique de l’Administration américaine, peut à première vue sembler très favorable au monde des affaires puisque l’assouplissement, voire le démantèlement des législations environnementales, sont pour les entreprises des allègements de contraintes propices à leur productivité : opérant dans un contexte dérégulé, ces dernières disposent de plus grandes marges de manœuvre en terme de projets de développement. On peut sans doute observer que le contexte réglementaire aux Etats-Unis et moins contraignant que celui de l’Union Européenne soumise à des directives sur l’environnement de plus en plus nombreuses et efficaces. (….)

 

En outre, la culture américaine  a naturellement tendance à laisser l’entreprise mettre e œuvre ses propres initiative dans une logique entrepreneuriale que des pays comme la France sont loin de posséder. Il est nécessaire de rappeler que l’éthique protestante des affaires aux Etats-Unis donne traditionnellement à l’entreprise, envisagée fondamentalement comme une extension de la cellule familiale, une dimension éthique intrinsèque. Concernant les performances environnementales des entreprises américaines, rappelons les grandes disparités qui existent à travers le pays et qui rendent difficiles les comparaisons entre, par exemple, les entreprises basées en Californie ou au Texas.

 

(…) Un bon exemple est fourni par l’entreprise Exxon Mobil, qui semble très en retard par rapport à ses concurrentes, notamment européennes, comme BP ou Shell. Leader dans des projets de forage situés dans des zones préservées de la planète telles que l’Arctique nord américain ou l’île russe de Sakhaline, Exxon est un fidèle soutien de la thèse de l’Administration Bush et n’a mis en place aucun programme de maîtrise de ses émissions de gaz à effet de serre. Exxon ne sort donc absolument pas de cette « culture du carbone » contre laquelle veut lutter la communauté internationale. (…)

 

Le verdissement des entreprises américaines.

 

(….) Ce serait une grave erreur de penser que toutes les entreprises américaines profitent aveuglément d’un cadre réglementaire moins contraignant et d’une fiscalité pour le moins favorable. Les Etats-Unis ont aussi été l’un des pays pionniers en matière d’entreprises vertes, c’est-à-dire d’entreprises qui mettent au cœur de leur stratégie leur performance environnementale et cherchent à minimiser au mieux leur impact sur l’environnement. Car aux Etats-Unis on peut à la fois être « écolo » et femme ou homme d’affaires : la forte culture d’entreprise américaine peut aussi servir les intérêts de l’environnement. Parmi ces pionniers, les entreprises californiennes comme le fabricant de vêtement plein air PATAGONIA (dès les années 1860) ou AVEDA (produits cosmétiques) sont aujourd’hui des arques reconnues dans le monde. L’un des meilleurs théoriciens du capitalisme vert, Paul Hawken, est aussi un entrepreneur dynamique, qui a crée plusieurs dizaines de sociétés spécialisées dans l’environnement.

 

Il n’y a pas qu’en Californie qu’apparurent les entreprises vertes : l’une des plus célèbres pionnières fut le fabricant de crèmes glacées, Ben & Jerry’s, qui vit le jour dans le petit Etat du Vermont près du Canada. Souvent étudié, le modèle Ben & Jerry’s fit de la responsabilité sociale et environnementale, dès sa création en 1978 la priorité stratégique de son développement. Aujourd’hui encore, et même après avoir été racheté par UNILEVER, Ben & Jerry’s a gardé intacte son indépendance de vue, son denier engagement en date étant de mobiliser l’opinion américaine contre le réchauffement planétaire, aux côté de la coalition Save our Environment, qui regroupe toutes les associations écologistes du pays contre l’administration Bush.

 

Mais le verdissement du monde des affaires est un phénomène tout récent. C’est ainsi qu’une quarantaine d’entreprises américaines ont rejoint le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), organisation professionnelle indépendante qui regroupe environ 180 multinationales désireuses d’avancer sur le chemin du développement durable. Ce chiffre est à mettre en perspective avec les 70 entreprises de l’Union Européenne membres du WBCSD. Parmi ces 40 entreprises américaines, une minorité provient des secteurs industriels traditionnels à fort impact sur l’environnement : Weyerhaeuser et International Paper pour l’industrie du bois et du papier, Johnson & Johnson, General Motors, Ford, Kimberly Clark, et parmi les secteurs les plus exposés : General Electric, Dow Chemical, Dupont, Chevron et Alcoa. (…)

 

« Le mode de vie des américains n’est pas négociable » : cette phrase de Bush 1er résume pour beaucoup l’attitude des Etats-Unis sur les questions d’environnement. Du refus de ratifier le protocole de Kyoto au rejet des Accords de Paris, l’Administration américaine semble sacrifier l’environnement à la prospérité. Comment comprendre cet entêtement ? Quel rôle y joue le libéralisme économique ? Et le poids des traditions et de la culture ? Un ouvrage qui révèle aussi des traditions et pratiques moins connues : la protection des espaces naturels avec les Parc nationaux ou encore les Etats et entreprises « écolo-responsables ».

« Prospérité contre écologie ? L’environnement dans l’Amérique de G. W. Bush ».Editions Lignes de repères. Olivier DELBARD à la fois spécialiste des Etats-Unis et de l’économie du développement durable est professeur à l’ESCP-EAP.

Prospérité contre écologie ? La question environnementale aux Etats-Unis.
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