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9 novembre 2017 4 09 /11 /novembre /2017 16:49

J'ai vu:

de Frederick Wiseman

Documentaire américain, 3 h 17

Frederick Wiseman plonge longuement au cœur de la New York Public Library dont la mission assure une forme de cohésion sociale.

Que le lecteur ne s’arrête pas à la durée de ce film. Le temps chez le cinéaste Frederick Wiseman est une notion qui n’obéit qu’à ce qu’il a récolté au tournage puis assemblé, pendant des mois, au montage.

En cinquante ans et quarante films, ce documentariste n’a jamais dévié : ni interviews, ni voix off, ni musique additionnelle. Mais la vie, telle que la capte sa caméra dans le mouvement collectif de groupes qui œuvrent ensemble.

Cette fois, il s’immerge dans la New York Public Library (la grande bibliothèque de New York, troisième au monde par ordre d’importance), ouverte en 1895, disséminée dans près d’une centaine de lieux, jusque dans les quartiers défavorisés de la ville.

 

Déambulations et rencontres

Prenant le risque d’étirer son propos, Frederick Wiseman s’installe et filme de longues séquences de réunions, déambule d’un service à un autre, se promène de quartier en quartier. Que ce soit dans le bureau du charismatique directeur, Anthony Marx, dans une antenne de Harlem ou du Bronx où les habitants de tous âges, de toutes conditions, bénéficient de cours de langue, d’informatique, assistant à de multiples conférences, se plaçant derrière un comptoir pour enregistrer les demandes, observer l’efficace patience des employés.

 

Frederick Wiseman montre l’énergie de ces bibliothécaires, volontaristes, inventifs, généreux, passionnés, attachés à conserver la mémoire du monde, à préserver un trésor incomparable d’imprimés et leur engagement inlassable au profit de la culture pour tous.

 

L’antidote à l’obscurantisme

Pendant ce voyage se déploie la grande idée d’une démocratie en action, ouverte à chacun, sans condition, ni sélection. Cette institution, adossée à des siècles d’écrits, cimente une population hétéroclite, offre une réelle ouverture d’esprit, propose une sorte de formation permanente et assure, par sa simple existence, la cohésion sociale.

Dans ses objectifs comme dans son accomplissement, la New York Public Library est l’antidote à l’obscurantisme de Donald Trump. Elle est la concrétisation d’une vision humaniste de la société où le savoir et les connaissances partagées demeurent la voie de l’émancipation. Elle est aussi l’illustration parfaite de la longue tradition philanthropique américaine où le financement privé vient en renfort des fonds publics.

Les bibliothèques, lieux de vie ? Ex Libris, de Frederick Wiseman, en apporte la preuve éclatante.

 

Extrait d'un journal en ligne, mais d'autres critiques sont disponibles...

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